48,3 milliards d'euros : le vrai coût caché de notre alimentation

Publié : 17 septembre 2024 à 19h00 par François-Xavier Delacoux

Comment garantir un accès à une alimentation saine et respectueuse de l'environnement tout en assurant une juste rémunération des agriculteurs ? Une étude menée par la Délégation du Secours Catholique-Caritas France de l'Hérault, le réseau CIVAM et la Fédération Française des Diabétiques répond à ces enjeux en proposant des réformes pour un système plus équitable et durable.

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Le vrai coût de notre alimentation : un enjeu social et écologique

Le système alimentaire français fait face à de profondes contradictions. Tandis que les prix en caisse restent relativement bas, les impacts sociaux, sanitaires et environnementaux qu'ils engendrent pèsent lourdement sur la société. Une étude menée par la Délégation du Secours Catholique-Caritas France de l'Hérault, le réseau CIVAM et la Fédération Française des Diabétiques s'est penchée sur ces coûts cachés, estimés à 19 milliards d'euros par an, et propose des solutions pour réformer en profondeur ce système.

Un système alimentaire en crise

Chaque jour, près de 8 millions de Français sont en situation d'insécurité alimentaire. Parmi eux, 2 millions doivent recourir à l'aide alimentaire pour se nourrir. Parallèlement, l'obésité connaît une progression alarmante, avec une hausse de 160 % des cas de diabète en 20 ans. Le modèle actuel expose également les agriculteurs à la précarité : 18 % d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté.

Ces chiffres montrent que le modèle agroalimentaire en place n'est pas seulement coûteux en termes financiers. Il engendre aussi des souffrances humaines profondes, tant pour les consommateurs que pour les producteurs. À cela s'ajoutent des conséquences écologiques : en 15 ans, 30 % des oiseaux des champs ont disparu en France, et 437 captages d’eau potable ont été abandonnés entre 2010 et 2021 à cause des nitrates et pesticides.

Réforme : quelles pistes pour un système plus juste ?

Face à cette crise, l'étude propose une refonte du système alimentaire sur quatre axes principaux :

  • Démocratisation du système alimentaire : Inscrire le droit à l'alimentation dans la Constitution française et mettre en place une loi-cadre pour garantir une alimentation saine et durable pour tous.
  • Amélioration de l'accès aux droits : Augmenter les aides sociales et faciliter l'accès aux soutiens financiers pour permettre aux plus démunis d'accéder à une alimentation de qualité.
  • Transition agroécologique : Encourager l'agriculture écologique et favoriser la transparence des prix. Les marges appliquées par la grande distribution doivent être encadrées, surtout sur les produits biologiques.
  • Régulation du commerce international : Conditionner l'importation de produits alimentaires au respect des normes sociales et environnementales en vigueur dans l'Union européenne.

Pour donner un exemple concret, l'étude suggère de créer des "maisons solidaires de l’alimentation durable" à travers le pays. Ces lieux seraient à la fois des espaces d’achat (épiceries, restaurants solidaires) et des lieux d'éducation pour renforcer le pouvoir d’agir des citoyens sur leur alimentation.

Le poids des soutiens publics

Le rapport met également en lumière les subventions massives dont bénéficie le système agroalimentaire : 48,3 milliards d’euros par an, répartis entre exonérations fiscales, aides directes et achats publics. Toutefois, plus de 80 % de ces soutiens profitent à un modèle industriel axé sur la production de masse, aux dépens de l'environnement et des petits producteurs.

Le document souligne l'urgence de réorienter ces fonds vers des pratiques plus durables, en privilégiant les petites exploitations agroécologiques et en favorisant une meilleure répartition des aides de la PAC (Politique agricole commune).

À l'heure où la prise de conscience sur les enjeux climatiques s'intensifie, cette étude rappelle que la question de l'alimentation ne peut être ignorée. L'avenir du système alimentaire français dépendra de la capacité des décideurs à concilier justice sociale, durabilité environnementale et viabilité économique pour les agriculteurs.

Retrouvez l'étude complète sur : https://www.secours-catholique.org/