Karim Khenissi : Former l’élite créative et décrocher les Oscars

10 septembre 2024 à 13h00 par François-Xavier Delacoux

L'ESMA Montpellier a une fois de plus mis à l'honneur la créativité de ses étudiants en animation 3D lors de leur jury de fin d'études. Karim Khenissi fondateur de l'Esma Montpellier, rêve des Oscars et que "la France soit reconnue comme un pays qui forme les meilleurs créatifs du monde entier".

Du 4 au 6 septembre 2024, l'ESMA (École Supérieure des Métiers Artistiques) de Montpellier a une fois de plus affirmé sa place de choix dans le monde de l’animation 3D. Cet événement a réuni 260 étudiants de la promotion 2024, prêts à présenter leurs œuvres devant un parterre de professionnels de renommée mondiale. Avec 32 courts-métrages projetés au Gaumont Multiplexe de Montpellier, le jury, composé des grands noms de l'industrie, n’a pas manqué de souligner l'excellence technique et narrative des créations. Au-delà des projections, le forum de l’emploi, qui a vu se tenir 1500 entretiens pour ces jeunes talents, a permis aux étudiants d'entrer de plain-pied dans le monde professionnel.


 


Un palmarès qui met à l’honneur la créativité et l’audace


Présidé par Marc Flanagan scénariste et producteur américain connu pour son travail à la télévision ( Il a co-créé la sitcom américaine Phenom et a travaillé sur des séries comme Murphy Brown et The Tracey Ullman Show), le jury a été unanime quant à la qualité exceptionnelle des films présentés cette année. Flanagan a exprimé son admiration : « Pour ce jury 2024 de l’ESMA, il y a une constance impressionnante dans le niveau des films. Tous sont d’une qualité incroyablement élevée. C'était un vrai plaisir de découvrir les créations des étudiants ». Cette diversité et ce souci du détail technique et narratif ont permis de constituer un palmarès remarquable.


 


Les lauréats 2024 :




    • 1er Prix : TrashUn rat affamé et un pigeon s'affrontent pour une part de pizza dans une ruelle sombre. Le récit, nerveux et original, capte le spectateur grâce à une animation fluide et une mise en scène impeccable. Réalisé par Gregory Bouzid, Robin Delaporte, Romain Fleischer, Margaux Lutz, Maxime Alice Crancon, Mattéo Durand, Alexis Le Ral et Fanny Vecchie.






    • 2e Prix : RevenReven, 10 ans, veut prouver qu'elle peut se redresser, littéralement, et se battre contre les jugements des autres. Une œuvre touchante qui explore avec finesse le handicap et l’acceptation de soi. Réalisé par Hugo Babey, Line Bossard, Coralie Monnier, Léna Ripoche, Victor Barreau, Chloé Hurard, Mathilde Morin et Tanguy Salaün.






    • 3e Prix ex aequo : CartagèneCe court-métrage aborde la question de l'héritage émotionnel à travers une série de souvenirs partagés avec un proche disparu. Une œuvre poétique réalisée par Marine Pacreau, Marine La Villa, Abla Saïgh, Théo Nouare, Fabien Bernard, Léa Berbach, Paola Couturier et Lou Buisson.






    • 3e Prix ex aequo : Sleeping with the FishesUn film sombre sur la rédemption impossible d'un homme brisé par son passé. Un voyage à travers les traumatismes psychologiques magnifiquement mis en scène par Camille Colonna D'Istria Amourdedieu, Giulia Gigante, Noa Lavino, Manon Seve, Justine Gault, Nicolas Knoll, Marion Robe et Lucas Wallez.







      • Prix "Coup de cœur" du jury : Tricot de CorpsPatsy, une veuve, voit sa peluche de laine prendre vie. Un court-métrage qui explore de manière subtile et poignante le thème du deuil. Réalisé par Pierre-Marie Bavay, Joan Haubois, Camille Lequeux, Clara Navoizat, Laurie Beldent, Maëlle Le Bris, Malo Lescop et Emma Rateau.








      • Prix "Coup de cœur" du jury : DawnL’histoire d'une petite tortue de mer luttant pour atteindre l'océan, malgré les obstacles et les prédateurs. Ce film d’animation est une métaphore vibrante sur la survie et la détermination. Réalisé par Marie Pradeilles, Lorys Stora, Yu Fang Chang, Apolline Royer, Noah Mercier, Matthieu Dejoux, Lucas Jonckheere et Maxime Forestier.






  • Prix du public : Le MelesInspiré des légendes folkloriques, ce film met en scène trois jeunes enfants face à une créature mythique. Ce récit captivant de frayeur et d’aventure est réalisé par Célia Tempestini, Clémence Honorez, Samy Achard, Medhi Simonnet, Léo Cubero, Léonore Bialet, Agathe Casoliva et Nèfyse Delavier.



Karim Khenissi : 31 Ans de dévouement à la création artistique


Karim Khenissi, fondateur de l’ESMA, a vu l'évolution de son école avec un enthousiasme renouvelé chaque année. Créée en 1993, l’ESMA est née de sa volonté de proposer une formation artistique en prise directe avec les réalités professionnelles. Aujourd'hui, l'école se distingue sur la scène internationale, avec 90 % de ses diplômés trouvant un emploi à la sortie de leurs études. Lors du jury de fin d'études de cette année, il a partagé ses réflexions sur cette nouvelle promotion, l'évolution des productions étudiantes et ses objectifs pour l'avenir.


Q : Cette journée est spéciale pour les 260 étudiants. Comment ressentez-vous le parcours accompli après 31 ans ?


« Je suis très étonné par ce que j'ai vu cette année. L'an dernier, la promotion avait pris peu de risques. Les films étaient techniquement irréprochables, mais il manquait quelque chose au niveau narratif, de l'engagement, du message. Cette année, c'est très différent. Les films sont encore techniquement parfaits, mais ce qui a changé, c'est l'engagement des étudiants sur des sujets importants. Nous avons vu des films qui parlent d'inclusion, d'écologie, et même d'une histoire méconnue des ouvrières intoxiquées au radium dans les années 20 aux États-Unis. C'était un sujet oublié, mais il a été magnifiquement mis en lumière par les étudiants. Cela montre une réelle prise de conscience sociale et environnementale de leur part. À un moment donné, j'ai même dit à mon voisin : ‘Je suis réconcilié avec notre jeunesse.’ Ces jeunes ne se contentent pas de dénoncer les problèmes de manière simpliste. Ils savent interpeller subtilement, avec des récits visuels qui nous font réfléchir. »


Q : Quel bilan tirez-vous de ces 31 années à la tête de l'ESMA ?


« Ce qui me frappe le plus après toutes ces années, c'est le sentiment d'appartenir à une grande famille. Nous avons des milliers d'étudiants qui sont sortis de nos écoles, et ce lien qui les unit à l'ESMA est très fort. Ils sont fiers d'être passés par ici. Cette fierté, pour moi, c'est la plus grande réussite. Lorsque vous arrivez à faire en sorte que vos anciens étudiants se sentent fiers de leur école, vous savez que vous avez fait plus que leur offrir une formation. Vous leur avez donné des outils pour grandir, pour être compétents et autonomes, et cela crée une connexion émotionnelle avec leur parcours. Quand un étudiant est fier de son école, c'est que nous avons accompli 99 % du travail. »


Q : Quels sont vos objectifs pour l'avenir ? Pensez-vous pouvoir aller encore plus loin ?


« Absolument. Nous pouvons toujours aller plus loin. L'un de nos objectifs est de continuer à renforcer nos liens avec les entreprises pour être encore plus réactifs à leurs besoins. Nous voulons que nos étudiants sortent de l'école avec des compétences qui correspondent parfaitement aux attentes du marché. Mon rêve personnel, peut-être un peu fou, est que la France soit reconnue comme un pays qui forme les meilleurs créatifs du monde entier, des talents exceptionnels à la pointe de leur domaine. Nous avons déjà beaucoup accompli, mais il reste encore tant à faire. »


« Et puis, il y a ce rêve que je nourris depuis longtemps : voir un de nos films remporter un Oscar. Nous avons été très proches de la shortlist trois fois, et c'est une vraie frustration de ne pas encore y être parvenus. Mais je garde espoir. Peut-être que ce ne sera pas de mon vivant, mais ce rêve, je le garde en tête. Cela représenterait pour moi l'aboutissement ultime de tout ce que nous avons mis en place à l'ESMA. En attendant, chaque année, nous nous rapprochons un peu plus de cet objectif. »


« Mais au-delà des récompenses, ce qui me rend vraiment fier, c'est de voir nos anciens étudiants créer leurs propres studios, lancer des projets innovants et porter haut les couleurs de la France. Aujourd'hui, nous avons presque 30 anciens étudiants qui ont fondé leurs studios. C'est la plus belle récompense que nous puissions recevoir, voir cette relève talentueuse s’épanouir et contribuer à l'industrie de l'animation à travers le monde. »


Karim Khenissi continue de porter des rêves ambitieux pour l'ESMA et pour la formation en animation en France. Avec des objectifs toujours plus élevés, il aspire à pousser les étudiants à se dépasser, à prendre des risques créatifs et à s'imposer comme des acteurs majeurs de l'industrie mondiale.  L'ESMA, fierté montpelliéraine, est devenue au fil des ans une référence nationale et internationale, avec des campus à Toulouse, Lyon, Nantes, Bordeaux, Rennes et Montréal. Pour plus d'informations sur l'ESMA, consultez leur site.