Carnon Neptunalia 2023 : Rencontres citoyens-scientifiques : comprendre le monde et agir ensemble
Publié : 7 juillet 2023 à 13h15 par François-Xavier Delacoux
Les rencontres citoyens-scientifiques au Jardin du Bosquet réunissent des chercheurs de l'INRAE, de l'IFREMER, du CIRAD et de l'UMRGO pour favoriser le dialogue avec les citoyens. Ces échanges permettent de comprendre les enjeux du monde actuel tels que le réchauffement climatique, la pollution, et de donner aux citoyens les outils nécessaires pour agir de manière éclairée. L'objectif est de donner le pouvoir aux citoyens grâce à la connaissance et de susciter leur participation active dans la société.
Entretien avec Simon Fellous : les sciences au service de la démocratie et de la société
Simon Fellous, directeur de recherche à l'INRAE de Montpellier, l'institut de recherche agronomique, participera aux Neptunalia ce dimanche. Il sera au Jardin du Bosquet avec trois autres scientifiques
- Christelle Gramaglia, Chargée de recherche à l'UMR G-EAU à INRAE, sociologue spécialiste des questions de pollution et de sciences participatives et citoyennes
- Lucile Marescot, Chercheuse CIRAD, spécialiste de la modélisation mathématique pour la conservation de la biodiversité
- Cyrille Przybyla, Chercheur IFREMER, biologiste expert en aquaculture durable et chargé du développement de l'aquaculture spatiale
Lors de cette rencontre, différentes thématiques scientifiques seront abordées.
Objectif de la rencontre : créer du dialogue entre citoyens et scientifiques
Plutôt que de se concentrer uniquement sur les sujets spécifiques abordés, Simon Fellous souligne l'importance de la rencontre elle-même.
"C'est de réussir à se rencontrer", explique-t-il. "C'est-à-dire que souvent, on a tendance à penser la société et la science comme séparés, mais en fait, les chercheurs et les scientifiques, en général, font partie de la société."
Il souligne que le dialogue est nécessaire non seulement pour les scientifiques, afin qu'ils restent en contact avec le monde réel, mais aussi pour les citoyens, car pour comprendre le monde d'aujourd'hui et répondre aux défis du monde à venir, il faut une certaine connaissance des sciences.
Spécialités et sujets de discussion
Chacun des intervenants apportera son expertise à la discussion. Cyrille Przybyla de l'IFREMER travaille sur le développement de solutions pour élever les poissons dans des conditions simplifiées, avec l'objectif de l'utiliser pour la pisciculture dans l'espace. Lucile Marescot, chercheuse au CIRAD utilise la modélisation mathématique pour prédire les invasions de criquets, permettant ainsi une meilleure anticipation et gestion des cultures et de l'alimentation. Christelle Gramaglia, chargée de recherche à l'UMR G-EAU à INRAE abordera les questions de pollution dans la baie de Fos-sur-Mer, en particulier comment les citoyens se sont organisés pour ne pas subir l'activité industrielle, mais être acteurs de son orientation et de gérer les pollutions.
Empowerment et démocratie
Simon Fellous souligne l'importance de "donner le pouvoir à" une démarche qu'il qualifie d'"empowerment". "Si on veut que nos citoyens soient dans une démarche d'action par rapport à leur vie, à leur monde, et bien leur donner accès à la connaissance, mais aussi leur donner une place dans cette élaboration de la connaissance... c'est je pense l'esprit même de notre République."
Ouvrir le débat, c'est aussi se confronter à des contradictions, comme on le voit avec les différents rapports du GIEC. Pourquoi cette crainte ?
Le débat sur le changement climatique et les rapports du GIEC suscite des contradictions, certains pensant même qu'il s'agit d'une supercherie. Ce scepticisme est compréhensible. Après tout, comment distinguer les vraies informations des fausses, particulièrement si l'on ne connaît pas leur source?
Il faut savoir que de puissants intérêts économiques mènent des actions de lobbying actives pour discréditer les connaissances scientifiques. C'est le cas pour les insecticides et les pesticides. Il existe un consensus scientifique sur leur nocivité pour les êtres humains et pour la nature, mais de puissants groupes s'efforcent de semer le doute.
La même stratégie est utilisée pour le climat. Les industries, notamment celles liées au pétrole, ont mené un travail de désinformation méticuleux et ont instillé le doute au fil des années. Elles disposent des ressources pour le faire et il est donc normal que nos concitoyens se montrent sceptiques.
Cependant, le GIEC est un organisme différent. Il a été conçu pour être apolitique, rassemblant des experts de tous les pays pour éviter toute manipulation par des intérêts particuliers. Par conséquent, chers citoyens, si vous cherchez une source d'information en laquelle vous pouvez avoir confiance, les rapports du GIEC sont un excellent point de départ.
La science et la technologie peuvent-elles être des solutions aux problèmes qu'elles ont engendrés ?
Il est essentiel de discuter des façons dont la science et la technologie peuvent aider à résoudre les problèmes qu'elles ont initialement causés. Deux perspectives dominent généralement cette discussion. D'une part, il y a les techno-solutionnistes qui pensent que les solutions à nos problèmes viendront de la technologie. D'autre part, il y a ceux qui croient que nous devrions revenir à des modes de vie plus simples et traditionnels.
Cependant, la vérité est probablement quelque part au milieu. Il est important de comprendre que la science n'est pas une entité unique, mais un ensemble de diverses formes de connaissances. Les sciences humaines et sociales, par exemple, qui aident à comprendre les relations interpersonnelles, peuvent nous donner des perspectives différentes de celles offertes par les aspects purement technologiques.
Par rapport à l'urgence environnementale, les technologies ne peuvent pas fournir des solutions immédiates car le temps nécessaire pour les développer et les déployer n'est tout simplement pas compatible avec la rapidité avec laquelle nous devons agir. Par exemple, nous devons réduire nos émissions de CO2 de moitié d'ici 2030 - un délai qui ne permet pas le déploiement de nouvelles technologies à grande échelle.
En revanche, des changements dans nos modes de fonctionnement peuvent nous permettre d'atteindre ces objectifs. Par exemple, en utilisant ce que nous savons déjà sur les comportements humains, l'économie, et des domaines tels que l'agroécologie, nous pourrions atteindre nos objectifs environnementaux.
Il est crucial d'embrasser la diversité des sciences, mais si nous misons uniquement sur la technologie, nous risquons très probablement de perdre ce pari.
Le débat est ouvert au Neptunalia ce dimanche 9 Juillet 2023
Rendez-vous dimanche entre 17 heures et 19 heures au Jardin du Bosquet à Carnon pour participer aux discussions sur les sujets abordés.
N'hésitez pas à venir nombreux avec vos enfants. Nous veillerons à éviter le jargon pour que la discussion soit accessible à tous.
INFOS PRATIQUES :
- Rencontres scientifiques :
- Thème : "Quelles sciences et techniques pour le monde à venir ?"
- Lieu : Jardin du Bosquet
- À partir de 17h
- Intervenants :
- Simon Fellous, Directeur de recherche INRAE, spécialiste de la protection des cultures
- Christelle Gramaglia, Chargée de recherche à l'UMR G-EAU à INRAE, sociologue spécialiste des questions de pollution et de sciences participatives et citoyennes
- Lucile Marescot, Chercheuse CIRAD, spécialiste de la modélisation mathématique pour la conservation de la biodiversité
- Cyrille Przybyla, Chercheur IFREMER, biologiste expert en aquaculture durable et chargé du développement de l'aquaculture spatiale
- Présence de traducteurs en Langue des Signes Française par l'association DES!
- Conférence et projection en plein air :
- Lieu : Jardin du Bosquet
- À partir de 19h
- Conférence : « Que peut le cinéma pour la planète ? » animée par Véronique Le Bris, journaliste et fondatrice du Prix Alice Guy
- Séance dédicace de l'autrice Véronique Le Bris à 19h30
- Vente de livres en lien avec l'écologie et la mer au stand SAURAMPS
- Projection en plein air du documentaire « Planète Méditerranée » à 21h30, réalisé par Gil Kebaïli