Prédire l'avenir grâce aux données : Entretien avec Loïs Godebert, Responsable Innovation chez Talan
Présentation de Talan
Loïs Godebert occupe le poste de responsable innovation au sein de Talan, un cabinet de conseil spécialisé dans l'innovation et la transformation numérique. L'entreprise accompagne ses clients dans la recherche de solutions adaptées à leurs besoins métiers, en travaillant dans des secteurs variés tels que la banque, l'assurance, les énergies renouvelables et les services globaux.
La prédiction de l'avenir grâce aux données
Face à la prolifération des services algorithmiques cherchant à prédire nos envies et notre futur en exploitant un large éventail de données, la question se pose : est-il réellement possible de prédire l'avenir avec ces données ?
Selon Loïs Godebert, la prédiction de l'avenir est possible dans des contextes spécifiques et maîtrisés. Toutefois, il souligne qu'il n'existe pas d'intelligence artificielle omnisciente capable de prédire tous les éléments. Il est donc essentiel de comprendre que la prédiction se limite à des résultats prévisibles dans un contexte donné. Il compare cette situation à la météo, où les modèles prédictifs sont de plus en plus fiables, mais où une prévision à long terme reste incertaine. De même, dans le monde des affaires, les entreprises doivent travailler sur la fiabilité et la pertinence des modèles prédictifs pour prendre des décisions éclairées.
Un exemple concret de prédiction dans le monde de l'entreprise
Loïs Godebert partage un exemple concret de travail réalisé pour l'un de leurs clients, un industriel cherchant à prédire les conséquences de l'augmentation des prix des matières premières et de l'énergie. Pour cela, Talan a mis en place un processus visant à collecter et analyser différentes données provenant de services variés, afin de comprendre les coûts et autres facteurs pertinents. En créant un modèle prédictif, l'entreprise cliente peut explorer différentes projections, jouer sur la baisse ou l'augmentation des coûts et ainsi anticiper les points de rupture et les risques avant de les subir.
Le futur de l'IA pour le grand public et les entreprises
En tant que cabinet de conseil stratégique, Talan se penche également sur le futur de l'intelligence artificielle (IA) pour le grand public et les entreprises.
Loïs Godebert estime que les avancées dans ce domaine se feront de manière progressive. Il observe un schéma classique dans le domaine du numérique, caractérisé par une phase de buzz, suivie de déceptions, puis d'une phase d'industrialisation. Après une année d'euphorie autour des métavers, l'IA et les chatbots GPT (systèmes de traitement automatique du langage naturel) seront les nouveaux sujets en vogue. Toutefois, il souligne que derrière ces effets de mode, des progrès concrets sont réalisés et de véritables problématiques sont abordées avec des clients dans des secteurs tels que la médecine et le marketing.
Selon lui, l'impact de l'IA sera significatif mais progressif. Si l'on parvient à gagner 10 à 20 % de notre temps grâce à l'IA, les conséquences socio-économiques seront considérables. Il tempère ainsi les attentes démesurées en soulignant qu'une révolution en douceur, intégrant l'IA dans les processus métiers existants, est plus réaliste et souhaitable.
L'IA comme super assistant pour le grand public
Loïs Godebert fait remarquer que l'idée d'avoir un assistant pour nous aider dans les tâches les moins intéressantes existe depuis des années. Si l'on prend l'exemple de Siri sur nos téléphones, personne n'est surpris par sa capacité à connaître nos préférences musicales ou à fournir des informations pertinentes. De la même manière, dans le contexte de l'entreprise, l'IA peut jouer un rôle de copilote spécialisé, fluidifiant les processus et nous permettant de nous concentrer sur notre véritable métier.
L'IA, une évolution naturelle et personnalisée
En réponse à la question de savoir si l'IA va rendre obsolète des assistants virtuels tels que Siri, Loïs Godebert souligne que nous sommes en réalité face à une évolution continue. Il fait référence à Clippy, le fameux trombone de Word, qui proposait déjà des suggestions et des solutions il y a plus de 20 ans. Aujourd'hui, grâce aux avancées de la génération de langage, nous disposons d'outils bien plus performants et capables de fournir des réponses naturelles et massives. Il rappelle ainsi que l'idée d'avoir un assistant pour nous soutenir dans les tâches les moins intéressantes reste cohérente et évolue en fonction des avancées technologiques.